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Le rétroviseur... Actes 2, 41 à 46

  • Photo du rédacteur: Patrick Gheysen
    Patrick Gheysen
  • 2 sept. 2015
  • 5 min de lecture

"Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. La crainte s'emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple."


Nous entendons souvent parler de conventions ou de séminaires sur le thème du "présent et de l'avenir de l'église". Thème important, sujet vital ! Comment ne pas considérer aujourd'hui avec sérieux l'enjeux que représente la question de l'actualité et de la destinée de l'église, des églises ?


Dans ce genre de rassemblement, les orateurs sont la plupart du temps très motivés par leur sujet, et les participants attentifs et avides d'êtres enseignés... Mais malgré beaucoup de bonne volonté évidente, les systèmes proposés sont souvent déconnectés de la réalité quotidienne de la majorité de nos contemporains. A ce sujet, le livre des actes est bien sûr souvent mis à contribution, et pour cause. N'est-il pas le récit passionnant des premiers pas de l'histoire de l'église ! Par exemple, il nous sera expliqué en détail, à partir du modèle des actes des apôtres, la mise en place des premières églises qui se réunissaient chez untel ou untel, etc...


Il est vrai que le système des groupes et des églises de maison est plutôt un schéma intéressant : mais pourquoi donc aborder ce genre de réflexion en se servant la plupart du temps de la bible comme d'un rétroviseur, c'est à dire en regardant surtout ce qui est en arrière ? Pourquoi parler surtout de l'église qui se réunissait à Laodicée ou dans la maison de Nympha, ou dans quelques autres villes ou villages de l'Asie de l'époque ? Pourquoi ce " Saint Devoir " qui consiste à cheminer avec une attitude de cœur nostalgique, au risque de sacraliser les figures bibliques du passé ?


Le livre des actes est-il simplement un livre historique, le récit de la manière dont les choses se sont passées à cette époque, la trace de la façon dont les premiers convertis ont essayé de s'organiser et de fonctionner ? Ou bien est-il un mode d'emploi à prendre au pied de la lettre pour les églises d'aujourd'hui ?

Dans ce cas, en caricaturant, il faut aussi que je considère la notion de vie communautaire, de partage total des biens, et que j'aille vendre mon champs, si j'en possède un, pour en partager le profit avec tous ! Faut-il aussi que je trouve un temple dans mon quartier afin d'y être assidu, et que je prenne mes décisions et fasse mes choix de vie comme si je vivais sous l'occupation romaine, sans électricité, sans télévision, et surtout sans bible, puisque à l'époque ce cher Gutenberg n'avait pas encore été à l'initiative de l'émergence de l'imprimerie…


Sans nouveau testament de même, puisqu'il n'avait pas encore été rédigé, à part quelques lettres qui commençaient à arriver au compte goutte et à dos de chameaux !


Il est certain que le livre des actes est une source d'inspiration, un socle incontournable, une fondation essentielle… Les principes qui en découlent sont universels et inaltérables. Mais nous sommes aujourd'hui au vingt-et-unième siècle, et le contexte a sensiblement évolué ! (il faut d'ailleurs noter que le "modèle" que l'on trouve au chapitre 2 du livre des actes ne correspond déjà plus aux aménagements et aux adaptations sensibles que laissent percevoir les épîtres qui suivent...).


La Bible est donc pleine de conseils, d'enseignements, d'exemples qui sont pour nous autant de pistes à explorer. Mais Dieu soit loué, il s'agit de pistes ouvertes, qui font appel à notre créativité, à notre responsabilité, mais certainement pas à notre capacité de maîtriser l'art de la photocopie ou de la fonction " copier-coller ", bien connue en informatique !

Qui dois-je donc être alors ? Le " roi de la photocopie ", le "prince du copier-coller " ? Suis-je Tychique version 178 ou Timothée version 10825 ? Suis-je la copie conforme (ou altérée) de Epaphras, le clone d'Onésime ? M'arrive t'il de déprimer parce que je ne suis pas Aaron ou Moïse, parce que ma vie manque de buissons ardents, parce que mon vécu semble insipide en comparaison avec mes icônes bibliques et mes images saintes ?


Il est tentant dans le cadre de ce genre de réunions, séminaires et autres, d'intervenir pour dire que notre premier appel c'est d'être conscient de la tradition, mais aussi porteur de créativité et d'innovation, mais on pourrait vous objecter que déjà le " libéralisme " a basculé dans de tels excès, et que preuve est faite que tous les problèmes concernant les structures d'église de nos jours prennent leurs sources dans la déviance par rapport au " modèle parfait " présenté dans le livre des actes en particulier, et dans les saintes écritures en général…


Ne pourrait t'on pas inverser la proposition, et dire que les problèmes insolubles que rencontrent beaucoup de communautés évangéliques de nos jours, sont liés plutôt à cette attitude passéiste qui consiste à masquer nos manques d'idées et nos absences de vraies solutions derrière la recherche de modèles rigides et sécurisants, datant d'une époque révolue, et cautionnée par de braves témoins de la foi morts et enterrés depuis belle lurette ! Bien sûr, pour conduire en sécurité et manœuvrer, le rétroviseur est indispensable, et la Bible est et restera toujours le fondement de notre foi ! Mais pour savoir bien conduire, il faut surtout regarder devant soi au travers du pare-brise, et il serait dangereux d'être obnubilé que par le rétroviseur...


Qu'en ressort-t'il de positif ? C'est que des hommes et des femmes cherchent sincèrement des chemins de foi et de communion, bible en main, avec beaucoup de sérieux et d'authenticité, mais avec aussi des visières, des filtres et des inhibitions scripturaires dont ils ne sont pas toujours conscients. Ils n'osent pas innover, inventer, chercher, créer des formes nouvelles ; ils pensent que c'est interdit, que Dieu maudira, qu'il fermera les écluses des cieux, qu'ils seront apostats !


Alors que pourtant, Jésus n'a rien écrit… Alors qu'à aucun moment il ne nous a donné des stratégies à appliquer au pied de la lettre. Au contraire, il nous a délégué la mission de bâtir son église. C'était il y a deux mille ans, et beaucoup reste à faire !

Il nous a laissé donc laissé en quelque sorte orphelins, sans une multitude de consignes précises, sans dogmes établis, sans modes d'emplois exhaustifs, sans notices inaltérables…


Pourquoi ? Pour laisser un espace de création, d'invention et d'initiative sans cesse ouvert de siècle en siècle… Les hommes et les femmes du livre des actes sont entrés dans cet espace. Seront nous simples spectateurs-copieurs-colleurs de tels témoins, ou acteurs-inventeurs-constructeurs de l'église d'aujourd'hui, et préparateurs de celle de demain ? Qui connaît le chapitre 29 du livre des actes ? Personne ! Il n'a pas été écrit, parce que c'est à vous et à moi de le vivre aujourd'hui et de le penser pour le futur proche, mais aussi dans l’anticipation du plus long terme ! En effet qu'allons-nous léguer et transmettre aux nouvelles générations ? Pas que des breloques et de la bimbeloterie j'espère !




Patrick Gheysen


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